mardi 26 novembre 2013

Ces loups de mer...

« Ce sont des mutants à l’énergie dense, des prototypes personnels de dieu jamais conçus pour la production en série. Trop bizarres pour vivre, trop rares pour mourir. » Las Vegas Parano.

J’ignore encore si ces « enfants » de Moitessier sont nombreux sur les eaux du globe, une chose est sûre, ce n’est pas dans les marinas qu’on les trouve, d’abord parce que ce n’est pas leur élément et puis parce la liberté est aliénée dans les endroits payants. Il peut bien leur arriver de s’y mettre pour trouver l’abri lors d’un gros coup de vent, quoique parmi ceux que l’on a rencontrer certains vont au large pour se mettre à la cape et dériver pour ensuite rentrer avec le retour du soleil.
On les trouve aux mouillages, en voyant les bateaux j’ai vraiment eu l’impression d’avoir l’image des récits d’escales de Moitessier. D’improbables navires, fait maison, des marins à la peau cuite, se rendant visite les uns les autres pour trinquer et parler mer avec leurs annexes, maison aussi, à la godille ou la rame.

Quelques portraits d’âmes et de bateaux :





Il est pas magnifique celui là? Faut pas être couillu quand même? Nous n'avons pas eu le plaisir de converser avec ses deux jeunes occupants mais il parait qu'ils sillonnent les mers à la recherche de spots de surf depuis plusieurs années maintenant...
Confort? C'est quoi?










Et celui là, un ketch catamaran! son habitant à pris le large il y a longtemps de ça avec son premier bateau en emportant comme seul assistance de navigation une carte du monde sur un calendrier des PTT.



  

Tiens pendant qu'on les aperçois je vous présente Frederico et Valja, couple de gens de la mer, elle sculpte des figures de proue et lui ne compte plus ses tours d'océans, il a sillonné toutes les mers du globe, construit 2 bateaux, raconte Joseph Conrad et lorsqu'on lui parle de nos soucis de pilote auto il sourit et nous explique que si Moitessier à rendu public son plan de pilote sur girouette c'était pas pour rien. Lui a toujours utilisé ce système de pilote. Et il nous en donnerait autant qu'on en veut des conseils...





Il y a aussi "le polonais", dont j'ai honteusement oublié le prénom,qui habite sur un bateau fabriqué de ses 10 doigts, voilà une dizaine d'années qu'il rode autour des Canaries, en se disant que bientôt il jetterai l'ancre du coté de la Thaïlande.





Cap a l'ouest

On quitte le petit port de Sidi, barre au 270, moteur à 2500 tours, les voiles bien repliées, pas un souffle d’air…
Notre départ était houleux, le relationnel avec les autorités et le chef de la capitainerie en a pris un coup, il faut dire que pour une heure de retard sur notre départ nous nous sommes vu payer 24 heures supplémentaires de frais de port, heure que l’on a passée (en vain) à tenter de récupérer nos passeports.  Après tout la machine est bien huilée, on est au Maroc,  ça fait partie des petites combines sur lesquelles il ne faut pas s’attarder, même si on se fait enfiler c’est avec le sourire et dans la bonne humeur, la négociation ne se gagne pas en montant dans les tours… C’est justement  LA spécialité du capitaine, surtout en face des uniformes, déferlement d’injures et de propos très limites, nous intervenons en nous excusant, honte sur nous…
A priori les vents se lèveront après la nuit, en attendant on consomme du gasoil. Je prends le premier quart avec Cedric afin de faire connaissance, encore un équipier très sympa, c’est certainement le plus qualifié à bord en matière de navigation, je ne résiste pas à lui faire part de toutes nos mésaventures. Après en avoir rigolé nous pensons quand même que l’équipage du Mondrian est un peu limite en terme d’expérience, jusque là nous avons toujours joué prudemment, il nous manque cruellement de météo et d’autonomie, d’ailleurs nous mettons cap aux Canaries sans la moindre carte marine détaillée…
Les discussions vont bon train, tout le monde sauf nous deux dort, et paf, nouveau problème, au bout de 3 heures de moteur les vis de l’alternateur cèdent à nouveau. Il nous cause deux ennuis majeur, le premier c’est que nous sommes partis pour 180 milles (ouf c’est pas énorme) et que sans moteur notre autonomie est mise à mal, il va falloir tenir la barre non stop afin de ne pas utiliser le pilote auto. Ensuite cette panne n’est pas anodine, nous connaissons depuis longtemps notre problème d’autonomie, l’alternateur est malade, l’éolien et le solaire ne fournissent pas assez, et j’ai signalé depuis notre première escale de graves anomalies dans le circuit électrique, comme de la corrosion galvanique dans certains câblages… Alertes toujours prises avec légèreté, maintenant c’est clair nous n’irons pas plus loin que les Canaries si les travaux nécessaires ne sont entrepris!


Je vous laisse imaginer l’ambiance à bord, maintenant c’est Cedric qui se demande ce qu’il fout là. Nous commençons les quarts, en binômes pour se relayer à la barre, 2 heures de quart pour 3 de repos, parfait pour broyer du noir. Heureusement au bout de 48h nous sommes déjà en vue de l’île de Lanzarote, nous passons la première soirée au mouillage à coté d’authentiques loups de mer dont le physique en dit long sur les milles parcourus. Un article sera consacré à ces gens et leurs navires!





Lanzarote est l’île la plus a l’est de l’archipel des Canaries, c’est une île volcanique, complètement pelée, en attendant de prendre le temps de partir en excursion nous déposons le bateau à la marina d’Areicife et abandonnons Philippe à ses responsabilités, le bateau mérite une grande révision.

Nous quittons le bord tous les 4, l’ambiance n’est pas vraiment au beau fixe, une réunion au sommet se prépare…

Areicife, le 25 novembre.

Terre!!!!!


Une fois amarrés dans le port d’Agadir nous apprenons que nous ne pouvions pas quitter le bateau avant d’avoir été visités par la douane et la police, il est tôt, il faudra les attendre pendant quelques heures. Qu’à cela ne tienne, ça ne nous empêche pas de nous préparer pour notre virée marocaine, nous faisons nos sacs et préparons notre stock de livres à convoyer en rêvant de terre et de poussières, n’importe quoi mais plus en bateau! L’attente est longue, nous bravons les interdictions et partons en douce vers le port de pêche voisin et ripaillons joyeusement dans une cantine populaire qui nous a replongé immédiatement dans l’ambiance et les magouilles locales.
Un bel alignement de képis débarque enfin sur le ponton, ils ne sont pas trop de 4, d’autres viendront bientôt en renfort. Les échanges restent  amicaux (si on ne tient pas compte des manques de courtoisies du capitaine pour tout ce qui peut représenter l’autorité), ils visitent le bateau et nous disent qu’ils ont entendus parler de livres à bord à destination d’une école.  Nous avions fait l’erreur de vendre la mèche au boy de la marina venu nous demander de ne pas quitter le bateau. Ils demandent à les voir, ce qu’ils feront avec beaucoup de zèle! Les contenus des livres (j’aime lire, comptes, coloriages,…) semblent donner soucis à ces messieurs, coups de fils aux supérieurs puis arrivée des gendarmes… Le gendarme tranche après deux heures, les enfants marocains n’ont que faire de ces livres dont le contenu serait trop difficile pour les intéressés. Nous avons interdiction de les sortir du bateau.
Ces nouvelles nous font revoir notre virée, le capitaine est hors de lui, il veut quitter le pays aussitôt… De notre côté nous insistons pour notre escale, nous avions comme but premier de retrouver Momo, un marchand du souk Al Had que nous avions rencontré lors de notre passage avec Léni et Ronan il y a trois ans. Nous avions beaucoup sympathisé avec lui, a tel point qu’il nous avait invité à manger le tajine chez sa mère. Nous obtenons quartier libre jusqu’au lendemain où nous devrons être sur le quai du port de Sidi Ifni pour rembarquer avec Philippe et Cedric qui naviguerons jusque là.
C’est partit, Cap au souk en passant poser nos sacs dans un petit hôtel où nos passerons la nuit. On se retrouve facilement dans le souk que nous avions beaucoup fréquenté, malheureusement nous ne trouverons jamais Momo, il se serait fait déloger  par les autorités car son stand ne devait pas respecter les conditions… Nous lui faisons passer le bonjour via certains de ces amis marchands. Moyennant un peu plus de temps nous aurions pu le revoir, a notre grand regret…
On s’en mets plein la panse pour se venger, pâtisseries marocaines, tajines, poissons frits…  Nous retrouvons le Maroc comme nous l’avions laissé il y a quelques années, gentil, agréable et folklorique.


Nous trouverons le moyen de nous rendre à Sidi Ifni le lendemain en empruntant bus et taxis, a notre arrivée le soir nous finissons par trouver le Mondrian dans un port de pêche rustique, seulement il est vide de ses occupants et nous n’avons plus de batterie sur le téléphone… Retour en ville, tajine et brochette puis hôtel à nouveau ou nous dégustons quelques apéritifs locaux.





C’est le lendemain que nous trouvons enfin nos compères au bateau, c’est l’effervescence autour du Mondrian, il y a les badauds et les mécanos, l’alternateur a encore fait des siennes, les vis sont encore sectionnées… Par-dessus cela nous faisons le point, nous sommes très en retard sur notre programme, la sagesse serait de mettre une croix sur l’archipel guinéen pour se concentrer sur celui des Canaries. Vote à l’unanimité.



Les réparations terminées et quelques échauffement entre notre capitaine et les autorités venus signer notre acte de sortie puis nous larguons les amarres en soirée ; il fait nuit, c’est encore la pétole, le moteur ronfle…


Sidi Ifni, le 23 novembre.

Quart de panique, by Deb.




Quart de 4h à 6h...

La nuit est plutôt calme, 10 nœuds de vent de moyenne, pas trop de houle. J'aperçois le ciel derrière nous très sombre, noir orageux. Bon pas de panique, ça va passer. Pour les connaisseur j'ai dans la tête la chanson des VRP dont le refrain fait "ça va passer ça va passer, OUF!"
La première heure est calme, je vaque à mes occupations, a 5h15 la lune disparaît derrière de gros nuages et me voilà plongée dans une nuit ténébreuse. Je m'allonge 5 minutes pour me reposer, me détendre, mais surtout pour m'abriter du vent entre deux coups d’œil. Je commence à sentir une petite pluie s'installer, la houle forci avec le vent, ça commence à sentir le roussi.
J'observe le génois qui veut passer par 2 fois de l'autre côté, le vent tourne, j'essaie de rectifier avec le pilote auto. En quelques minutes tout bascule, on empanne, le pilote se bloque en travers de la houle et on gite à mort. A ce moment là je suis pris de panique et donc je fais des erreurs de débutant, je me jette sur le pilote pour appuyer sur "standbye" mais n'ayant pas allumé ma frontale je n'y voit rien et appuie à l'inverse sur "auto" plusieurs fois. De là j'allume ma lumière, ce que j'aurai du faire depuis longtemps (première erreur). Je prends la barre, là Tom sort précipitamment et à moitié à poil et lâche le génois. Deux erreurs suivantes : j'aurai du réveiller quelqu'un pour venir m'aider et lâcher la voile dès le début et l'enrouler. Il a fallu qu'on soit deux pour le faire! Philippe réveillé brutalement par son expulsion de sa couchette est venu en renfort (on était pas de trop à trois).
Ca y est on ne gite plus, on essaie de mettre le moteur et rien, il ne fonctionne pas. Oups, on verra demain.
Cette scène c'est passée en quinze minutes environ, conclusion, les manœuvres doivent être des automatismes parce qu'on n'a pas le temps de réfléchir dans ces cas là et il faut agir vite! Maintenant tout le monde est réveillé, Sim se prépare pour prendre son quart et le vent est déjà retombé. On remet donc le génois et c'est reparti comme sur des roulettes. Je n'avais plus vraiment envie de dormir, mon cœur résonnait à l’intérieur de moi, pour tout vous dire je me suis fait peur.
En partant pour ce voyage je savais qu'on ne maîtrisait pas ces éléments, on peut juste essayer de les comprendre et de jouer avec.
L'océan c'est beau, c'est vaste, mais faut rester prudent.

salam aleikoum



monument des explorateurs, Lisbonne 
Depuis notre départ de Lisbonne les conditions sont assez régulières, vent de nord, nord-est (froid !), navigation arrière et grand largue au génois et tangon. Seule la force du vent varie de 5 à 20 nœuds.
Nous occupons nos journées à la sieste, aux tentatives de changement de voilure (là-dessus on en revient toujours au génois avec tangon, vitesse correcte et confort à la gite et aux manœuvres), aux jeux de dés et de cartes et à la lecture. A ce sujet je dois remercier Steven et son maître menuisier de marine Francis Baton qui m’a conseillé sa bible de bord : le nouveau cours des glénans,  à mettre en toutes les mains des équipiers novices comme nous pour comprendre ce qui se passe sous, dans et au dessus du bateau !
Ah tiens je sais qu’on attend aussi de nous des résultats au sujet de la pêche ! Néant, je traine ma guigne à travers les mers malgré l’achat par Philippe à Lisbonne de lignes de haute mer spéciales daurade et thon, même une pour l’espadon… Naturellement de tels exploits de pêche seraient immédiatement relatés en une du blog… En attendant on a pris de la morue salée !
Il aura fallu attendre la deuxième nuit de cette nav, celle du samedi au dimanche, pour casser la routine. Toujours poussés par un vent de NE qui n’en fini pas de nous glacer, Deborah a appris quelques heures après moi à naviguer en regardant le ciel, notamment  en se méfiant des nuages bas, très sombres et opaques, annonciateurs de grains qu’un vent fort précède puis accompagne. Je m’étais donc laissé surprendre durant mon quart par ce grain qui m’a forcé à prendre un ris, un peu tard, le vent étant déjà passé de 15 à 40 nœuds. Aussitôt que le nuage m’eu doublé le « calme » se réinstallait comme 10 minute avant. Je fus réveillé plus tard par ce même vent forcissant et une gite sévère et insistante qui m’a tiré de mon lit pour scruter si la personne de quart était en galère. Je vis Deb avec sa frontale, un peu dépassée, la houle ayant sorti le bateau de son allure, mettant le génois à contre par 50 nœuds (ce qui a fait méchamment giter le bateau) et sollicitant tellement le pilote auto qu’il s’est mis en sécurité en plein travers de la houle… Aie, l’inclinaison du bateau progresse, aura-t-elle une limite? Je traverse tant bien que mal le carré intérieur le plus vite possible, laissant dans mon sillage Philippe en râles au sol sous un tas de coussins et d’affaires, que la gite venait d’éjecter de sa bannette. Déborah n’arrive pas à séparer le pilote de la barre pour l’isoler et la prendre manuellement, aussitôt dehors je goute à la pluie mais ce n’est rien à côté de la vague qui m’est passée dessus l’instant suivant, pendant je larguai l’écoute du génois afin de l’enrouler (ultimate pignonade à mon tour). Ce petit coup de stress à gérer dans l’urgence nous à un peu secoués, Deb en fera un article complet très bientôt! Petite frayeur, d’autant qu’une fois le génois enroulé le moteur refuse de démarrer… Raaah, encore une galère, la côte la plus proche est le détroit de Gibraltar à 200 milles à l’est… finalement le grain passe et laisse derrière lui, hormis la houle, un ciel clair qui permet de reprendre la route comme avant. On se change et se repose, Sim prend les commandes jusqu’au levé du soleil.
Dès le réveil je m’attaque au moteur avec Philippe, la panne est vite identifiée et réglée, de l’air dans le circuit de gazole. Cependant la réparation effectuée à Santander sur le tendeur de la courroie d’accessoires donne des signes alarmant, la courroie est en train de se faire manger, elle est déjà toute fine bien que neuve d’une semaine. Les poulies seraient désaxées? A surveiller!
Le soleil nous réchauffe la journée, le sondeur annonce l’eau à 20°, elle est d’un bleu magnifique et troublant, le fond est à 4500 mètres.
C’est après manger le midi, en pissant par-dessus bord que Philippe et moi la voyons. Allons, n’ayez pas l’esprit mal placé, je vous vois venir! « LA », c’est l’énorme silhouette qui fait surface à moins de 20 mètres du bateau, crachant son air avec un grand bruit de soufflet, LA baleine! Alertés par nos cris d’excitation Deb et Sim sortent sur le pont mais le cétacé à déjà replongé… Deb et moi ne lâchons pas l’affaire, tant qu’elle est dans le coin nous scrutons partout, on veut la voir et la revoir encore! Efforts récompensés, 20 minutes plus tard j’aperçois un jet de brume vertical loin derrière nous, elle est encore là! Puis enfin elle refait surface, beaucoup plus près sur tribord… Nous entamons alors sans le savoir un balai de cétacé qui durera 2 heures… On les voit venir dans la houle par leurs silhouettes aux flancs clairs et leurs dos sombres. Nous remarquons aussi qu’on peut les repérer à leurs « traces » à la surface, des trainées intermittentes de 15 mètres par 3 d’eau lisse, ce qui doit correspondre aux remous de chaque battement de queue. Les plus proches font surface à peut être 10 mètres de nous, toujours avec ce bruit de soufflerie gigantesque, une autre « surfe » la houle qui nous vient de derrière puis disparait sous le bateau… La beauté du spectacle ôte rapidement le doute sur notre vulnérabilité et leurs intentions! Nous sommes comme des enfants!  En consultant le bloc nautique qui est à bord, nous pensons fortement qu’il s’agit de rorquals communs, museau très allongé, flancs clairs, toute petite nageoire dorsale reculée,… Un seul regret cependant,  tellement scotché par le spectacle j’en ai oublié d’immortaliser ces instants. Lorsque je me suis décidé à aller chercher l’appareil photo leurs apparitions étaient déjà plus rares, sur des dizaines de prises, une seule laisse apercevoir la bête…

vous la voyez?, c'est pas évident, on zoom!
alors?
A la suite de cet épisode (ou plutôt leçon d’humilité) la routine a repris son cours. Pour couronner le tout le vent ne fait que faiblir, notre vitesse est largement réduite le confort augmenté mais le temps commence à être long à bord, besoin d’une vraie escale! Heureusement Philippe n’a pas son pareil pour se faire victime d’un gag et nous amuser. Cette nuit il a reçu une petite douche avec le contenu d’un seau dans lequel reposait une morue en train de désaler, seau qu’il venait lui-même de placer au dessus de lui dans un équilibre discutable, le temps de fouiller dans un coffre. Evidemment ça a été très payant, odeur de morue dans les cheveux et les fringues…
A tel point que le matin suivant nous sommes réveillé par Sim et Philippe en train de se mettre en maillot de bain, préparation à la baignade en haute mer, la flotte est à 20°. Nous y passons tous sauf Deb, chacun son tour à la traine, Sim sort même pour l’occasion sa planche de surf. Moi je suis complètement absorbé par la couleur de l’eau, une sorte de bleu marine – turquoise, limpide!



Le vent faibli toujours, en soirée notre vitesse chute sous les 2 nœuds, le capitaine change la courroie du moteur (qui est déjà condamnée comme la précédente puisqu’on ne peut pas la tendre suffisamment), et c’est reparti… Au petit matin le vent est inexistant, c’est une vraie mer d’huile, on voit le reflet de nos visages quand on la regarde. Hélas sa température est redescendue à 16° et sa couleur est redevenue verte. Ce qui ne m’empêche pas d’exiger une halte baignade entre deux coups de moteur, petit plongeon, seul cette fois.





































Nous commençons à prévoir la suite, l’organisation a Agadir. Philippe lors d’un précédent voyage au Maroc s’était engagé à apporter des livres (stockés dans le bateau) à l’école d’un petit village près de Tafraoute, nous devons donc faire 2 groupes. Dans un premier temps il nous propose à Deb et moi de convoyer son bateau avec Cedric (que nous ne connaissons pas encore) jusqu’à Sidi Ifni où il nous retrouverait avec Sim après avoir livré ses bouquins. L’offre est très alléchante, belle marque de confiance, seulement là nous avons surtout besoin de terre avant de reprendre le large, voilà 12 jours qu’on n’a pas fait de vraie escale. Finalement c’est Philippe qui va naviguer jusqu’à Sidi Ifnit avec Cedric, nous trois allons jouer les missionnaires pour cette livraison, on remplit nos à dos à l’approche du port d’Agadir, RDV avec le Mondrian à Sidi ou plus bas selon les envies dans quelques jours.

Programme bien ficelé, nous pouvons aborder les côtes Marocaines sereinement. En approchant ça sent la terre, odeurs prenantes, j’y retrouve celles du mouton et de la coriandre… Mais c’est peut être un peu dans la tête! Nous entrons au port au petit matin et croisons tous les petits pêcheurs qui démarrent leur journée. 



Agadir, le 20 Novembre.

vendredi 22 novembre 2013

ADIOS AMIGOS, BOM DIA LISBOA



Chères familles, chers amis, chers retraités, chers actifs, chers écoliers, chers assistés (LOL, MDR, drôle), chers nouveaux camping caristes, chers camping caristes avertis, chers extraterrestres (Caya), chers pêcheurs, chers à saucisse, chers lecteurs!
Sachez que nous pensons souvent à chacun de vous, vous nous manquez un peu (mais pas trop). Nous aimerions souvent vous prélever à vos occupations un instant pour vous avoir à nos côtés et vous montrer ce qu'on est en train de vivre... On se contentera d'écrire!
Il y a du changement, du bon! Aujourd'hui 12 novembre 2013 à 17h20 nous doublons le cap finistère et franchissons le 43ème degré Nord, signant ainsi notre sortie du golfe de Gascogne! Libération! [NDLR : IDEE RECETTE, ce soir mangez rapide, mangez liquide, partagez cette victoire en trinquant jusqu'à plus soif tout en entonnant des chants révolutionnaires sur le thème de la libération.] Notre mérite n'est cependant pas si fameux car beaucoup de gasoil aura été brûlé pour en arriver là. "M'enfin" concluait si bien Gaston Lagaffe.


 le cap finistère


30 heures de nav séparaient La Corogne de Gijon, 3 seulement ont vu les voiles hissées. Nous rasons de près les récifs de la pointe N-O espagnole au son du moteur, la côte est mystique, ça ressemble à la bretagne, façon Ouessant. Des rochers pointus et hostiles sortent de l'eau, en arrière plan des flancs de montagne abrupts avec des cascades qui tombent dans l'océan depuis le sommet. Le tout sous un ciel aux couleurs d'orage, je vois d'ici les comptes et légendes locales. Nous nous promettons de revenir nous balader par là après notre grand voyage.





 

Escale expresse à la Corogne, nous marchons dans les traces d'Anna et Ronan. Nous entrons dans la ria vers 1h du matin en dépassant le phare d'hercule (Fi(4)20s), nous sommes devenus experts dans les navigations côtières nocturnes et les interprétations des balises et de leurs lumières. Le port est immense, tellement que l'on se perd le long des quais de la criée en pleine activité, finalement nous finissons par trouver la pompe 24/24 chez les plaisanciers et nous reprenons aussitôt le large le ventre du bateau plein de carburant, il est 2h30.
L'ambiance est bonne à bord, c'est en partie grâce aux pignonades de notre capitaine. Nous avons nommé ainsi les éphémères instants où la situation inattendue rencontre le manque de discernement (c'est pas facile à expliquer), comme précédemment le coup des soutes pleines de bidons vides. En voici quelques unes. Nous longeons les côtes espagnoles depuis quelques jours maintenant quand soudainement Philippe s'étonne de voir la côte à bâbord. Il arrive qu'il sorte de son sommeil (en plein rêve hasardeux) en lançant "hisser la grand voile", "empannage", ou plus récemment à 7h00 du matin "sortez les tomates, on va faire du taboulet". Il est aussi capable en nav de nuit de soutenir mordicus que la lumière blanche qui nous précède, passant d'un bord à l'autre puis disparaissant dans un port est la lumière d'un phare signalé sur la carte à 59m de haut. Enfin c’est un peu moqueur mais on s’en régale tous les 3 et en redemandons ! Philippe est un personnage à l’image de son navire : haut en couleurs !
A l ‘heure où j’écris ces lignes sur un brouillon le cap finistère est derrière nous depuis 30 milles, il est 21 heure, je viens de finir mon premier quart. Nous faisons cap plein sud, poussés par un vent de nord qui nous mène à près de 6 nœuds de moyenne. La lune inonde la mer qui est enfin devenue calme, c’est le pied total ! D’autant que les dauphins nous ont rendu plusieurs visite aujourd’hui, on s’est rendu compte qu’on pouvait les exciter en jouant des rythme sur la coque. En m’allongeant a plat ventre sur l’étrave j’arrive à les toucher lorsqu’ils frottent le bateau !

 

                                                               ***

KAROUTCHO !
J’entame mon deuxième quart de nuit (de 2h à 4h). Entre temps la mer n’est plus du tout la même, la GV qui était ouverte en ciseau avec le génois a été affalée, le vent toujours N à forci (20N) et le houle croisée complètement désordonnée et déferlante est de plus en plus serrée. Bon… Dès la première demie heure je comprends que le génois mérite un bon ris, Philippe, chaudement installé dans son duvet me propose son aide, j’accepte. C’est dans l’instant qui a suivi que « l’événement » est arrivé. Bien que des leçons déjà connues en ont été re-tirées, comme la ligne de vie obligatoire de nuit, son issue est heureuse, c’est pourquoi nous l’avons classé dans les pignonades (ultime). Notre capitaine enfile en hâte quelques vêtements et me rejoins dehors. Préparation à la manœuvre, le voilà alors a genoux sur le banc sous le vent, la tête passée par la chandelier à l’extérieur du bateau pour observer le génois. C’est alors qu’une formidable vague nous a littéralement abordé par bâbord, déferlant et remplissant la « baignoire » en même temps qu’elle a fait giter le bateau au point de la remplir davantage par le coté tribord. J’ai juste eu le temps de m’agripper à la filière d’une main, et voyant Philippe disparaitre entièrement sous le bouillon, de l’agripper par le jean de l’autre. Le bateau très équilibré n’a pas mis bien longtemps à se redressé, découvrant Philippe, trempé et hébété, avec une tête que je ne suis pas prêt d’oublier ! 24h après j’en rigole encore jusqu’aux larmes ! Le malheureux était juste venu donner un cout de main entre deux cycles de sommeil. Finalement nous affalons tout et démarrons le moteur.
La mer est restée agitée comme ca toute la journée suivante, nous nous tordons de rire a chaque fois qu’on relate « l’événement ». Deb est peut être moins sujette au fou rire, elle est excédée par le bruit du moteur et renverse systématiquement son café à cause de la houle. Une petite sieste et quelques notes de Gilberto Gil plus tard elle retrouve sa pêche.
Ca y est, nous sommes amarinés, cette mer derrière son côté invivable à bord ne nous donne plus souci, au pire au petit trouble du ventre qu’une sieste dissipe rapidement.



 

Nous avons renfilé le génois seul vers 13h et l’avons gardé jusqu’à Lisbonne, une trentaine d’heures plus tard . Trentaines d’heures qui ont comprises une nuit douce, calme, sous les étoiles et la lune, révélant au petit matin les premières îles portugaises au large du Cabo Carvoeiro. Levé de soleil et dauphins encore au RDV. Grace aux dauphins on note un changement d’eau, jusqu’à maintenant lorsqu’ils nous montraient leurs ventres le reflet laissait paraitre une eau verte, maintenant elle est bleue. Autre rencontre inattendue à laquelle seulement moi et Sim avons eu l’honneur d’assister : une baleine est venue reprendre son air et crachant son jet de brume est apparue à quelques dizaines de mètres sur notre bâbord, attirant dans son sillage les dauphins qui nous accompagnaient. Gigantesque ! Nous aurons bientôt d’autres rencontres avec les cétacés.
La halte à Lisbonne est très attendue, en entrant dans la rade du Tage on débouche une bouteille de rouge, il commence à faire nuit, une fois de plus nous nous exercerons aux interprétations des balises. Dire qu’au départ il n’était pas envisageable  d’entrer dans les ports de nuit (par sécurité), quitte à attendre le jour au large… Lisbonne est attendue, certes, mais comme a la Corogne, brève. Pas le choix, Cedric, le cinquième équipier à déjà atterrix à Marakech et se dirige vers Agadir, il devrait y être 5 jours avant nous. Le RDV que lui avait fixé Philippe ne comprenait pas qu’on prenne le temps d’enfiler autant de perles dans le golfe de Gascogne.
Nous remontons la rade, passant les monuments, ca sent bon dehors. Aussitôt amarrés au ponton de la marina nous filons en tenue de quart nous perdre dans quelques quartiers et atterrissons dans un petit resto populaire, poulpe, morue, daurade, vin, bière, wouah ca fait du bien !!!!!
Avitaillement le lendemain matin et départ, nous sommes tout les 4 tristes de quitter cette ville si accueillante et jolie. Une fois de plus on se promet d’y retourner.
Dans 4 à 5 jours, Agadir !!!!! Je vous le donne en milles : 500.

Prière d'avoir l'impression que cet article à été posté le dredi 14 novembre. Amen!

jeudi 21 novembre 2013

en attendant le plat de resistance...

Toujours en vie!!
Je vois que nous sommes attendus pour la suite du recit, helas nous ne faisons guere d'escales, juste des pauses avitaillement, La Corugne, Lisbonne et aujourd'hui Agadir. C' est trop galere de chercher a chaque fois un ciber café dans les escales express, nous venous de choper un petit ordi portable d'occas au souk ce midi, ce sera plus simple pour ratraper le retard du recit ( pas moins de 23 pages au stade de brouillon t'attendent cher lecteur), a paraitre le plus vite possible!!!!!!!!!!!!!!
nous filons ce soir vers la guinée bissau, une semaine de navigation et après c'est promis on remet tout à jour!!!

PS, on a bien reçut ton message Priss, ca nous touche beaucoup, on pense fort a toi!!!!!!!
envoie nous ton mail dès que tu en aura 1 de fiable!!!!! Deb pense plus a toi qu'a son homme... on t'aime fort!

merci pour les messages e tous, a bientot!!!


samedi 9 novembre 2013

Gascogne 2, Nous 0

... Ou plutot Gascogne 1 et nous -1...

depart confiant, nous prevoyons de ne pas nous eloigner de la cote a plus de 10 milles afin de se mettre a l abri en cas de gros temps (prevu dans 2 jours) et en faisant route au moteur car la houle est prevue de face et le vent ne devrait pas se manifester d ici la prochaine tempete. 








Nous quittons le port de Santander en fin de matinee, il fait beau, tout se passe bien jusqu a ce que le reservoir de GO n atteigne la reserve. Notre bon capitaine a prevu 4 bidons de gasoil pour l automie. c est en fouillant dans les soutes pour recharger le reservoir que nous decouvrons que 2 et demi sont deja vides, il ne nous reste en fait que 15L. echanges de regards, pas de conflit a bord maintenant, pourtant c est tentant...
Le probleme c est qu aucun port n est praticable pour nous jusqu a Gijon, et il n est pas envisageable de retourner a Santander.
nous reprenons notre rythme de quart pour la nuit (2 heures chacun), il semble que la tempete soit en avance et elle commence a souffler, naturellement de face, pile dans l axe de notre cap. il pleut, la houle grossi, de face aussi, tout est encore contre nous.
dans ce temps nous atteignons peniblement les 2 noeuds avec le moteur a 3000 tours... ca ne passera pas... il faut remettre les voiles et tirer des bords par 20 a 30 noeuds de vent. a cause de la gite nous prenons um max de ris pour la securite mais il apparait qu avec les voiles reduites le bateau ne remonte pas au vent avec l angle habituel, les bords que nous tirons sont inutile, le peu que nous gagnons a l ouest est reperdu par la force de la houle...
allez on remet ca, nous prevenons les autorites de Gijon de notre manque d automie, et versons dans le reservoir nos bouteilles d huiles alimentaire. il nous reste 25 milles a faire, nous mettrons 12 longues heures entre moteur et tentatives de voiles, je vous laisse faire la moyenne...
a 5 milles du port nous recevons des appel de l helicoptere de secours qui s inquiete pour nous, il fait un bout de chemin en stationnaire au dessus de nous, ils s inquietaient car le gros de la tempete venait, en nous laissant ils nous disent que nous avons reussi, le port est proche de nous!

                               ce n est pas une magnifique lune mais bien l helico qui nous suit

bilan moyen satisfaisant, nous laissons passer la tempete pendant que nous visitons Gijon, Rien que le mot Gascogne nous ecorche les oreilles! des que possible nous en sortons, nouvelle tentative demain, avec une meilleure meteo et du gasoil a gogo!

bisous a tous!!!!!!!!